L’édition 2018 de Sicca Jazz aura lieu du 17 au 21 mars avec des artistes de premier plan dont les Américaines Martha High et Nicole Slack Jones. Avec une soirée “Spiritual Jazz” et une ouverture sur le Maroc, cette session confirme les progrès du festival et aussi les dynamiques artistiques actuelles dans la région du Kef. A suivre pour retrouver toutes les couleurs du jazz au nord-ouest de la Tunisie…
Au fil des ans, Sicca Jazz se bonifie et ouvre de nouvelles perspectives aux manifestations de musique contemporaine en Tunisie. En effet, avec Jazz à Carthage, le festival de Tabarka qui sera bientôt de retour et le nouveau-né Médina Jazz, ce sont désormais quatre manifestations complémentaires qui font le renouveau de la scène jazz en Tunisie. Ne l’oublions pas, dans un passé proche, les plus grands noms du jazz se sont produits dans notre pays: de Count Basie à Louis Armstrong en passant par Herbie Hancock, tout ce qui compte dans la planète jazz est passé un jour ou l’autre en Tunisie et il suffit de revenir aux archives de nos festivals pour se rendre compte de cette tendance.
Dans cette optique, Sicca Jazz n’est pas qu’une simple hirondelle qui fait le printemps. Au contraire, cette manifestation née au Kef, après une initiative locale, a énormément progressé en deux années et nous offre pour cette nouvelle édition un plateau des plus relevés. Le festival se déroulera à la Kasbah du Kef qui lui sert d’écrin et se poursuivra du 17 au 21 mars, ouvrant la saison printanière en musique.
Cette session de Sicca Jazz se caractérise par la qualité des artistes invités parmi lesquels de grosses pointures internationales. Ainsi, Martha High sera de la partie pour une soirée hommage au grand James Brown qu’elle a cotoyé tout au long de sa carrière de choriste. Martha High choisira un jazz funky dans l’esprit de son propre parcours et devrait obtenir un succès public appréciable, étant donné sa notoriété et la grande popularité de James Brown en Tunisie.
Autre grosse pointure invitée par Sicca Jazz, Nicole Slack Jones évolue à la confluence de plusieurs registres et sillonne les territoires musicaux du blues, du gospel et du jazz classique. Nicole Slack Jones sera l’incontestable attraction de cette édition avec la puissance de sa voix et l’éclectisme de son répertoire. Là encore, le public tunisien devrait lui réserver un triomphe et il est d’ores et déjà certain que la Kasbah du Kef s’avérera trop exigue. En ce sens, Nicole Slack Jones partagera le plateau de cette soirée avec Natasha Rogers, une Néerlandaise dont on dit le plus grand bien et qui apportera au festival la fluidité de ses interprétations et un cachet jazz reconnu à travers le monde.
Belle idée que celle de structurer le festival selon une série de soirées thématiques qui interpellent le public. Ainsi, une soirée de “spiritual jazz” réunira des artistes tunisiens et indiens. En effet, c’est sous cette bannière que le pianiste Omar el Ouaer et la violoniste Yasmine Azaiez interviendront en duo. Leur performance sera suivi de celle du Trilok Grutu Quartet, une formation indienne qui ajoutera des saveurs orientales au festival. De même, une soirée sera consacrée au jazz marocain avec deux ensembles des plus réputés. Le premier signera des retrouvailles avec la scène tunisienne puisqu’il s’agit de Jil Jilala qui nous revient avec des habits jazzy. Le second ensemble est une découverte à suivre: il s’agit du Huba Huba Spirit, une formation récente qui nous éclairera sur la vitalité du jazz chérifien.
Sicca Jazz accordera aussi de l’espace au Dub avec une soirée spéciale et un mariage inédit de tendances algériennes et britanniques. C’est ainsi que le groupe algérien Démocratoz partagera un plateau avec le Gentlemen’s Dub Club, venu du Royaume Uni. Le festival 2018 ne se contentera pas de cette succession de plateaux et organisera plusieurs manifestations parallèles. En ce sens, des caravanes musicales se rendront dans plusieurs villes du gouvernorat du Kef et permettront au public local de rencontrer certains des artistes invités. De même, des résidences artistiques permettront à des musiciens de s’installer au Kef afin d’y puiser inspiration et couleurs musicales. Enfin, des “showcases” au quotidien permettront aux jeunes talents du Kef de s’exprimer à travers la musique et plusieurs autres arts. Rappeurs, slameurs et jazzmen de la région seront de la sorte au rendez-vous.
Cinq jours durant la ville du Kef s’apprête à vibrer aux sons de la musique contemporaine grâce à Sicca Jazz qui offre à la région une vitrine de choix. Un souhait: puisse ce festival être assorti d’un clin d’oeil en guise d’hommage au mythique ensemble de Ouled Boumakhlouf et au musicien essentiel qu’est Brahim Bahloul. Au fond, ce sont bien eux qui ont ouvert la voie du jazz dans la région.